lundi 17 novembre 2008

Max fait de la peine

Au moins, le titre ne m'aura pas posé de problèmes cette fois. Pouichette, ça fait bien rire les orques, mais faut pas pousser non plus. Alors, le titre, c'est fait ... je rappelle le jeu...le pitch, je le fais ensuite...un peu de critique vengeresse parce que ça attire les gens et on finit par un troll. Facile !

A la base, Max Payne est un jeu vidéo qui a marqué son époque par la qualité de son scénario. Noir, glauque et profond, tous les ingrédients du genre sont là pour évoluer dans les tréfonds de New-York avec un flic bouffé par la vengeance. Parce que bon, se faire accueillir au retour du boulot par trois cambrioleurs junkies, la maison dévastée, la mort de ta famille et la bouffe même pas préparée, ça peut donner des envies de sang. De ruelles mal famées aux plus hauts gratte-ciels de NYC, Max Payne retrouvera les commanditaires des meurtres de la famille en révélant au passage un trafic de drogues.

Le point de gameplay qui avait fait se pâmer tous les canards spécialisés, c'était le « bullet-time ». Un mode ralenti à la Matrix (rappelez-vous, quand Néo fait du limbo en évitant les balles) qui permet de shooter les ennemis avec un double Beretta tout en sautant de côté. Il était même possible de faire un triple lutz en secouant dans tous les sens la souris. Oui, j'étais jeune encore et j'avais pas de vie sociale. Et je vous méprise.


Du point de vue graphique, ça tenait bien la route pour l'époque. New-York en hiver, les immeubles éclairés par les flammes des camions-citerne incendiés, alors que le rouge sang se mêle au blanc neigeux sous les yeux noirs de Payne, ça en jetait. Des cinématiques en forme de BD entrecoupaient les scènes d'action. Même si ça me semblait un peu trop granuleux, on approchait très fortement des rendus de comics. Indéniablement, ces scènes apportaient beaucoup au charisme de Payne et nous plongeaient véritablement dans la tête du personnage.


Maintenant, pour le film, c'est simple : vous imprimez le début de mon texte, vous le roulez en boule et vous tentez le trois points à la corbeille. C'est simple, les "ronds de cuuuuiiiir" ont complètement perdu de vue l'esprit du jeu. Les personnages ont beaucoup perdu en charisme, la faute en incombant principalement aux acteurs. Marc Wahlberg (qui joue Payne) possède un répertoire d'expressions allant de la pierre tombale à la constipation passagère. Même pour jouer le tourment, c'est limité.

Autre personnage foiré, celui joué par Beau Bridges. A 100 km et sans connaître le jeu vidéo, on voit venir le traître. Je ne parlerai pas d'une incohérence scénaristique, à savoir quand BB (voué à l'échec, niveau prénom) sauve Payne d'un drogué body-buildé, pour l'assommer deux minutes plus tard afin de le tuer dans le port. Logique, c'est vrai ... (Une Guiness offerte pour la personne qui trouvera la formule de style employée dans le paragraphe).


Autre déception, peu de phases de tirs. Pourtant, la seule séquence d'action est une réussite. Il y avait vraiment matière à faire quelque chose, notamment avec l'emploi de ralentis à la « bullet-time ». Pour le scénario, les auteurs auraient également pu puiser davantage dans le jeu, avec les souvenirs de Max Payne (qui étaient l'un des points les plus intéressants dans l'aventure) ou les scènes d'anthologie de l'oeuvre ludique.

Bon, j'arrête le mode nain quelques secondes. Du côté des bonnes surprises, la photographie est excellente. Ils ont fait n'importe quoi à la fin avec le supposé Ragnarok, mais c'est joli. De même que l'effet « New York under the snow », les contrastes noir-blanc dans les ruelles et les jeux de lumière révèlent un côté assez onirique. Le joueur (qu'il faut bien contenter et pour pouvoir prétendre à l'inspiration du jeu) retrouve quelques références, comme le nom de la station de métro.


Dommage, en résumé, que les producteurs aient laissé de côté les éléments faisant le sel de Max Payne, pour en sortir une copie aseptisée. Ne gaspillez pas 8 euros pour voir le film, investissez-les plutôt dans le jeu. Non, mieux, payez-moi une bière.

Et pendant ce temps, quelle relation entre État et société civile ?